"Blackbird singing in the dead of night Take these broken wings and learn to fly ... Blackbird fly Blackbird fly Into the light of the dark black night."
Encore une fois je tente de deviner derrière les notes usées ces bruits de forêt que j'inventais à la première écoute, il y a si longtemps de ça. Hier. De deviner des formes, l'aube, dans l'obscurité.
Encore une fois, je laisse la plage aller jusqu'à son terme et j'écoute le cloc cloc lancinant du sillon de fin pendant des minutes entières. Tout comme la première fois. Et je pense à tous mes amis avec lesquels j'écoutais le "Double blanc".
C'est le seul disque avec lequel je fais ça. Et je le fais toujours... Cloc...cloc. Les mêmes vagues de sentiments se sont enchaînées pendant la chanson. Exactement les mêmes parfums, le même goût, dans le même ordre, aux instants exacts. Je ne sais pas chez vous, mais beaucoup de titres sont associés, chacun, avec un arpège de sentiments très particulier. Comme autant de bouquets différents. Certains tristes, certains gais, mais ces accords ne changent pas avec les années. Les goûts musicaux changent, on peut trouver les arrangements ou le jeu naïf, un peu ridicule, vieilli. Son goût n'a pas changé. Les nouveaux titres que j'aime portent de moins en moins ce cortège dense de sensations. Suis-je devenu trop analytique, blasé, cultivé, ou trop triste, j'imagine, vers la fin du parcours ? Je ne sais pas.
Voila, Blackbird à cette époque faisait monter en moi le sentiment exact qui est celui qui m'habite, la plupart des heures, aujourd'hui. Ce qui est curieux, c'est qu'il parlait exactement de cette rupture que je ne me résout pas à accepter.
"All your life, you were only waiting for this moment to arise." |