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Nocturne au bar du Styx Convertir_en_PDF Version_imprimable Envoyer_par_mail
Emmanuel : 07-11-1999
 
Au bar du Styx, on perd facilement la notion du temps. A peine s’est-on assis sur un des tabourets qu’on ne sait déjà plus si on est avant ou après. Et même de se rappeler avant quoi? pose un problème insurmontable.

 Ce soir là, peut-être hier, ou dans deux mois, deux ans, deux siècles, Arthur Cravan, appuyé au zinc, tirait sa gueule des mauvais jours. Il chantonnait une petite chanson morose qui vous mettait les nerfs en pelote: “Je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie...” Avec ses deux mètres, ses cents kilos et la ceinture de champion du monde des poids lourds qu’il arborait par dessus sa chemise rouge, personne se sentait d’attaque pour aller dire au bel Arthur de la mettre en veilleuse.

  Grand Lucifer lui-même gardait le nez baissé sur sa comptabilité et feignait un intérêt passionné pour les mouvements de ses caisses de Chivas Régal uruguayen. 

  On serait bien aller se réfugier dans les chiottes, juste pour échapper à la comptine obsédante, “je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie...”, mais elles étaient jusqu’à nouvel ordre inaccessibles. Federico Garcia Lorca s’y était barricadé avec un gros stylo Waterman pour y versifier l’histoire du monde sur les murs. Le temps que ça lui prendrait, personne osait l’imaginer.

  Siggie Freud avait, ce soir-là, offert à Lola, la barmaid aux yeux d’onyx, une plante en pot, une belle fleur carnivore. Le gringue qu’il lui faisait, avec son chic austro-hongrois, ses guêtres couleur  perle, sa barbe taillée au ciseau à ongles, et son cigare lubriquement dressé. L’antienne de Cravan, “je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie, je m’ennuie...”, forcément ça le déconcentrait. Il en perdait le fil de ses mots d’esprit. Il a pointé son havane vers le bel Arthur: “Arrête! Tu es mort, donc tu ne peux pas t’ennuyer. C'est scientifiquement prouvé.” 

 Cravan a dressé un majeur gros comme une saucisse de Morteau: “Tiens, fume! c’est du phallique. Je m’ennuie parce que je suis mort, eh face de hareng! charlatan viennois! J’ai envie d’aventures!” 

 On a entendu un bruit étrange, ou plutôt une absence de bruit encore plus étrange. Un silence incongru, et puis le ressac de la mer, et le cri des mouettes. Lucifer a levé la tête de son livre de compte: “Putentrailles!”

 Y avait un bateau qui avait jeté l’ancre en plein bar du Styx. Oh pas le Titanic, mais quand même... Un bateau blanc, avec une cheminée noire, et des lettres rouge sur la proue qu'on déchiffrait mal. Un drôle de bateau qu’avait l’air bien capable de descendre des fleuves impassibles alors même que les Indiens auraient collé ses matelots aux poteaux de couleurs. Enfin, vous voyez le genre...

 “Himmel!” a juré Siggie en brossant la cendre de cigare tombée sur son gilet. Il a jeté un regard à Satan: “Je ne dis pas ça pour vous, cher ami.

 On attendait tous de voir qui allait se montrer à la passerelle de ce bateau inopportun.

--
Emmanuel

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